Et après le Master universitaire en sciences de l’environnement...
Le Master universitaire en sciences de l’environnement (MUSE) est un master interdisciplinaire regroupant des étudiants de tous âges et de tous horizons dans un bâtiment neuf situé boulevard Carl-Vogt à Genève. Voilà le chemin que j’ai emprunté en septembre 2017, suite à mon bachelor en biologie. Étant parmi les plus jeunes de la volée et venant de la Faculté des sciences, les premières semaines de cours sont vite devenues une forme de choc des cultures. Les premiers exercices étaient des travaux de groupe, et les débats permettant de choisir l’angle à adopter pour chaque projet semblaient longs, mais surtout intéressants. Lors d’un premier exercice nous devions analyser la place des arbres en Ville de Genève, et en tant que biologiste je voulais m’attarder sur les espèces qui étaient présentes, l’impact de leur position géographique, etc. Mais c’était sans compter sur mes collègues des sciences sociales qui ont commencé à analyser les bienfaits des arbres sur la population genevoise. Ainsi dès le premier jour j’ai été confrontée à une diversité de points de vue autour d’un seul et même sujet. Il fallait donc assimiler rapidement de nouveaux concepts, pour moi d’ordre économique et politique, afin de trouver un point d’entente entre tous les participants au projet. Un véritable travail diplomatique.
Au deuxième semestre, je me suis spécialisée en énergie, un choix parmi quatre autres spécialités. Il m’a permis d’apprendre et d’étudier de nombreux cas concrets, tels que le calcul du bilan énergétique d’un bâtiment ou d’un pays. Puis j’ai choisi d’allier mon bachelor et mon master dans mon mémoire de master, en analysant l’impact du démantèlement de certains barrages en Suisse. À cela s’est ajouté le Certificat complémentaire en géomatique, commencé en milieu de master, mais avec la pandémie de coronavirus tout a commencé à prendre plus de temps. Aussi, en septembre 2020 j’ai été engagée par l’association Actions durables comme animatrice dans les écoles primaires genevoises pour leur programme Éducation au développement durable (EDD). Des ateliers répartis autour de trois thématiques ‒ alimentation et biodiversité, énergie et mobilité, déchets et solidarité ‒ sont proposés aux classes en fonction de leur niveau. Mon profil interdisciplinaire, grâce au MUSE, m’a permis d’encadrer les trois types d’ateliers et de pouvoir répondre aisément aux différentes questions posées par les professeurs et par les élèves. Cependant, vulgariser des termes techniques ou expliquer des processus complexes, tels que la formation du pétrole ou la transformation des rayons lumineux en électricité, a été plus difficile. La peur de trop simplifier au point de contredire la réalité ou d’oublier des notions importantes est un véritable défi dans ce genre d’exercice.
Ainsi le côté interdisciplinaire de ce master, le grand nombre de spécialistes que nous rencontrons tout au long de notre cursus, la découverte et l’apprentissage de nouvelles disciplines, sont un avantage sérieux lorsqu’il faut être capable d’expliquer et de présenter à quel point les sciences de l’environnement recouvrent de nombreux domaines, en montrant les liens qui les unissent. Cependant l’univers très académique de ce master et le manque d’apprentissages plus techniques ou plus professionnalisants pêche dans la transition post-MUSE. Je ne peux pas parler pour les autres masters académiques, mais en ce qui concerne le MUSE, il est vraiment difficile de savoir vers quels postes s’orienter, ce qui entraîne des questions entre "musiens" pour savoir à quels postes ils ont osé postuler. Malgré cela, ce master m’a permis de rencontrer des personnes inspirantes, de me former à de nouvelles disciplines grâce à des spécialistes, de comprendre la complexité des enjeux liés à notre environnement, et d’avoir une vision ainsi qu’un esprit critique plus globalisants que si je m’étais spécialisée dans une branche de la biologie. Je ne sais pas si cela est une des solutions, mais permettre aux étudiants d’avoir un contact régulier avec les anciennes promotions et/ou définir plus clairement nos compétences dans le monde du travail en se basant sur le témoignage d’anciens diplômés, permettrait peut-être une transition plus douce. Mais sans aucun regret j’ai hâte d’être diplômée du MUSE, dont je regretterai vite tout le corps d’encadrement et les étudiants.
Marie Favario
Marie Favario, diplômée du Bachelor de biologie, du Certificat complémentaire en géomatique et bientôt du Master universitaire en sciences de l’environnement de l’Université de Genève. Ancienne présidente de l’Association des étudiants de biologie, vice-présidente de l’Association des étudiants en sciences, et trésorière de l’Association des étudiants en sciences de l’environnement (MELISE) de l’Université de Genève.