La biodiversité fonctionnelle

En Suisse, une des cinq contributions de la politique agricole est la biodiversité. Cette contribution fait partie des Prestations écologiques requises (PER) et incite les producteurs à utiliser les ressources naturelles durablement. La grande majorité (≥ 85 %) des exploitations agricoles suisses touchent des PER et doivent donc avoir un minimum de 3,5 % (cultures spéciales : viticulture, arboriculture, maraîchage) ou 7 % (grandes cultures : prairies, céréales, pomme-de-terre) de leurs superficies en Surfaces de promotion de la biodiversité (SPB). Ces SPB peuvent attirer des ennemis naturels (auxiliaires) et réguler certaines populations d'insectes ravageurs causant des dégâts économiques (seuil d'intervention) aux cultures vivrières. Dans les agro-écosystèmes, un aménagement agronomique du territoire à l'aide de SPB (haie, bande fleurie, etc.) peut agir comme des produits phytosanitaires (PPh : biologique ou de synthèse) et avoir un impact sur les insectes ravageurs.
 


Fig. 1 : concept et structure du nouveau système de paiements directs.

Ce type de biodiversité est appelé biodiversité fonctionnelle. La biodiversité fonctionnelle est définie comme une biodiversité avec un effet positif pour l'agriculture durable (écologie, société + économie). Autrement dit, la biodiversité fonctionnelle est utile à l'agriculteur car elle a une fonction qui l'intéresse (protection des plantes, pollinisation, dégradation de la matière organique du sol, etc.). À Genève, plusieurs mélanges végétaux sont évalués pour leurs impacts sur l'entomofaune par plusieurs institutions (HEPIA, UniGE, SAgr). Ces mélanges sont implantés dans différentes cultures (viticulture, arboriculture + colza) pour réduire l'application et les risques liés à l'utilisation de PPh. Globalement, un agro-écosystème avec de la diversité assure une certaine résilience face aux insectes ravageurs.
 


Fig. 2 : bandes florales à auxiliaires (BFA).


Pour favoriser les auxiliaires, il faut offrir de nombreuses combinaisons d'aménagement et d'entretien dans l'espace et dans le temps. L'agro-écosystème est influencé par de nombreux facteurs, il faut donc être patient et travailler à long terme. Dans un contexte d'exigences du consommateur, de préservation des ressources, de pression des prix aux producteurs, de réduction des risques liés aux PPh et de changement climatique (établissement de nouveaux insectes exotiques + modifications des cycles biologiques)... Les défis agronomiques pour alimenter l'humanité sont de taille !

Liens

Office fédéral de l'agriculture (OFAG)

Dominique Fleury

Dominique Fleury

Dominique Fleury a obtenu un CFC en agriculture (Cernier, NE), un MAS Toxicology (Université de Genève) et un doctorat (Montréal, Canada). Ses formations agricoles (BScAgr, MSc, PhD) étaient en lien étroit avec l'environnement (biologie de l'environnement, sol et environnement, sciences de l'environnement). Sur le plan professionnel, Dominique Fleury a été conseiller agro-environnemental durant 12 ans et professeur HES-SO pendant 10 ans. Depuis 2016 il est responsable phytosanitaire et agronomie pour le Canton de Genève.

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